Nîmes, ville d'art et d'histoire...


Surnommée la « ville romaine » et située dans la région de l’Occitanie au sud de la France, la ville de Nîmes possède un patrimoine historique et culturel spécifique. Ce dernier est visible au sein de plusieurs édifices de la commune. Au cours du XVIIIe siècle, l’intérêt pour l’antiquité est visible au sein de l’architecture de plusieurs édifices. Les représentations de monuments à l’antique se développent ainsi en Italie et en France. Cette architecture antique a inspiré notamment l’artiste Hubert Robert célèbre pour ses tableaux représentant des ruines. Ce dernier réalisa au cours de l’année 1786 une série intitulée Principaux monuments de France ou Nîmes et ses monuments. Cette dernière se constitue de quatre œuvres représentant la ville de Nîmes et ses ruines antiques. L’artiste réalisa notamment, La Maison Carrée, les Arènes et la Tour Magne à Nîmes, Intérieur du Temple de Diane à Nîmes, Le Pont du Gare et enfin L’Arc de triomphe et le Théâtre d’Orange. Avec ses nombreux monuments à l’architecture antiquisante, la ville de Nîmes possède un statut de ville antique. Ce patrimoine spécifique va cependant rencontrer plusieurs ambitions politiques dans le but de redynamiser l’image de la ville.

De 1983 à 1995, Jean Bousquet devient maire de la commune, attaché à la ville et au monde de la culture, il décide de mêler constructions modernes et patrimoine antique afin de créer une Nîmes « sans banlieue ». La politique patrimoniale est importante étant rattachée à la question du tourisme. Ainsi afin de mener à bien son projet, Jean Bousquet fit appel à de nombreux artistes internationaux comme par exemple Jean Nouvel ou Philippe Starck, ce dernier réalisa notamment l’actuel logo de la ville. Ces artistes ont réalisés différents mobiliers de ville à l’architecture contemporaine. Le maire établie ainsi une politique de communication se servant ainsi de la culture et du patrimoine pour tirer la ville de Nîmes du déclin.



 
Hubert Robert, Paysage architectural avec un canal, 1783, huile sur toile, 129 x 183 cm, Saint-Pétersbourg, Musée de l’Ermitage. © Wikipédia 


Le poids de l’histoire antique de Nîmes est visible et ne sera jamais oublié quelques soit les époques. Ainsi au Moyen-Age, la ville est fortement marquée par les conflits religieux néanmoins l’antiquité romaine et ses spécificités architecturales ne sont pour autant pas délaissées. La Maison Carrée et l’amphithéâtre de Nîmes sont situés au cœur de la ville, ces bâtiments s’imposent ainsi au sein de la ville et de sa scénographie. Les monuments sont néanmoins aménagés pour répondre à diverses fonctions. Les Jardins de la fontaine est un bel exemple de site antique aménagé. En effet, dès le XVIIIe siècle, les bassins du jardin sont réorganisés sous le règne de Louis XV. La fonction des édifices va néanmoins changer au fil des siècles. Le monument se doit ainsi d’avoir une fonction. Construit sur le modèle du colisée de Rome et de l’amphithéâtre d’Arles, l’amphithéâtre de Nîmes a été utilisé au cours du XIXe siècle pour accueillir des spectacles. Les spectateurs se tenaient ainsi debout sur des ruines. Les édifices en ruines font l’objet ainsi d’aménagement afin de permettre leur utilisation, mêlant ainsi dégradation et parti fonctionnel. Néanmoins, les projets d’aménagement permettant l’utilisation de certains monuments vont faire l’objet de controverse comme par exemple le projet de recouvrir l’amphithéâtre afin que ce dernier puisse être utilisé quotidiennement.

L’année 1988 est marquée par la réélection de François Mitterrand, sous son septennat plusieurs opérations de modernisation ont été lancées comme par exemple la pyramide du Louvre. Ces multiples projets de modernisation sont largement controversés par la Commission des Monuments Historiques. La mise en valeur d’un monument historique est ainsi complexe. La Maison Carrée, par exemple, se situe au côté de plusieurs petits bâtiments. La régularité de la rue ordonne ainsi l’architecture. Cette mise en valeur témoigne d’une volonté de mise en scène des monuments historiques de la ville tout en rendant hommage à l’histoire passée. Situé en face de la Maison Carrée, l’ancien théâtre de Nîmes fût détruit lors d’un incendie en 1952. Sa reconstruction fût sujet à de nombreuses controverses. De nombreuses maquettes à l’architecture moderne suscitent de vif débat notamment au sujet de la conservation de la façade dont l’architecture et l’agencement des colonnes évoquent l’architecture antique. La construction de la médiathèque de Nîmes est un exemple de la valorisation contemporaine à travers les édifices anciens. Malgré les controverses, le projet finit par aboutir. Néanmoins, l’architecture de la médiathèque est symétrique et régulière rappelant les spécificités propre aux édifices antiques. La construction de la médiathèque fit face à plusieurs contraintes, des contraintes volumétriques et esthétiques permettant à l’édifice de posséder une certaine sobriété et régularité dans son ensemble. La Maison Carrée et la médiathèque de Nîmes illustrent ainsi un dialogue entre deux époques, tout comme les arènes de Nîmes et le musée de la romanité de la ville. Ouvert en 2018, le musée de la romanité revient sur l’histoire romaine de la ville de Nîmes. Situé face aux arènes de la ville, le projet est mené par l’architecte Elizabeth de Portzamparc qui souhaite créer une relation entre les deux édifices. Ces derniers s’opposent par leur formes, instaurant un dialogue à travers le temps.


Grâce au musée de la romanité, l’actuel maire de Nîmes, Monsieur JeanPaul Fournier s’inscrit ainsi dans la ligne direct de son prédécesseur faisant de Nîmes une ville historique mêlant modernité et patrimoine antique. Les nombreux projets de valorisation de la ville par le biais du patrimoine sont néanmoins confrontés à une réalité économique. Plusieurs agents participent au financement de ces projets dont la municipalité. Les différentes instances patrimoniales peuvent également s’opposer ou contribuer aux différents projets, de même d’autres partenaires renforcent les actions. L’engouement pour la mise en valeur du patrimoine antique en France va également permettre la création de la base Gallia Romana. Cette dernière comprend de nombreux documents et ressources, et ressence près de 200 monuments dont le célèbre amphithéâtre de Nîmes.

La volonté de mettre en valeur Nîmes et ses spécificités s’inscrit dans une politique de communication et de valorisation du patrimoine. Cette politique de valorisation a permis à la ville d’obtenir en 1986 le label de ville d’art et d’histoire attribué par le ministère de la Culture et de la Communication. De plus, depuis le 4 avril 2012, la ville de Nîmes candidate pour rentrer au sein du patrimoine mondiale de l’Unesco, en mettant en avant son patrimoine historique à travers différentes thématique tel que « Nîmes, l’Antiquité au présent ».


Bibliographie

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